La chanson de la semaine – L’Aigle Noir – L’inceste, ce mal muet partout autour de nous

Depuis plusieurs semaines, tout ou presque me ramène à la question de l’inceste. Que ce soit lors d’accompagnements, de discussions, de reportages sur lesquels je tombe. Même lorsque récemment, j’ai participé à une séance de constellations familiales, le sujet est sorti à deux reprises pour des personnes qui m’avaient désigné comme représentant (pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette pratique, lors d’une séance, une personne, dite « constellé) désigne des « représentants », qui peuvent être d’autres participants ou des objets, pour illustrer son système familial dans l’espace, et mettre en lumière les jeux de relations et la place de chacun).

Sur les conseils d’une amie (qui se reconnaitra peut-être) je me suis mis à écouter le podcast, « Ou peut être une nuit » de Charlotte Pudlowki. L’écoute en a été particulièrement douloureuse.

Douloureuse car le constat est amer. Et ce chiffre ! 10%.

On estime à 10% la part de la population française ayant subi l’inceste, sous forme de viol, de la part d’un père, d’un grand père, d’un oncle, d’un frère, d’un cousin… le démarrage de ces agressions se situant en 9 et 13 ans.

A titre d’exemple, sur une classe de CM2, 3 enfants en moyenne vivent cette situation.

Si vous vous rappelez cette période de votre vie, qui dans la classe, avait du mal à suivre parce qu’il/elle était réveillé la nuit. Qui s’isolait ? Avait des actes violents, déplacés ? Peut-être était ce même vous, qui lisez ces lignes, à qui cela est arrivé…

Combien de personne autour de moi ? Pour certains, certaines, je sais. Pour les autres...

Comment briser la loi du tabou ? Comment en parler ? Comment en parler à celles et ceux à qui on a fait croire qu’ils ne valaient rien, que s’ils parlaient, ils détruiraient tout ?

Et moi ? Suis si blanc que tout cela ? Mon histoire familiale est-elle exempte de tout soupçons ? Difficile d’aller vers l’autre pour demander : « Hé, tata, le pépé, il ne vous aurait pas un peu touchées des fois ? ». Et pourtant, il faudrait.

Je ne suis qu’au tout début d’une réflexion et d’un travail de plusieurs années. Mais au moins une est déjà sûre c’est que mon regard a changé désormais. Si demain, j’ai des doutes, je sais que je ne pourrai pas faire semblant de n’avoir rien vu et détourner les yeux. Je me dis que ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà ça…

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L’histoire de la chanson

L’aigle Noir est une chanson de Barbara, sortie en 1970 sur l’album du même nom.

Barbara ayant parlé ultérieurement de l’inceste qu’elle avait vécu de la part de son père, la chanson a fait l’objet d’une interprétation dans ce sens, mais Barbara elle-même ne l’a jamais confirmé.

Pourtant, dans l’inconscient collectif, cette chanson reste une chanson sur l’inceste.

Pourquoi ça me touche

Le viol, pour moi, c’est la pire des choses. Peut-être même pire que le meurtre. On vient profaner un temple tellement précieux, intime que la personne ne peut jamais vraiment s’en remettre.

Et je me demande ce qu’elle en a pensé, elle, Barbara. Que cette chanson qui mettait des mots sur sa souffrance devienne un tel succès. Y a-t-elle vu une expression de la résilience. En a-t-elle ressenti de la peine, du dégout ? Tout en même temps peut-être.

Ecoutez et faites tourner. Comme il y a eu un mouvement #metoo on n’a pas encore eu de mouvement #metooinceste et il est peut-être le bon moment pour que ça arrive.

https://www.youtube.com/watch?v=4heMfS5jTxY

https://louiemedia.com/injustices-2/ou-peut-etre-une-nuit

Crédits :

L’aigle Noir – Barbara – Album L’aigle noir – 1970 – Philips. Texte, musique et interprétation : Barbara.